Le 4 juin 2025, Businove a participé au salon Mix-E, organisé à Lyon au sein de la Cité Internationale. Cet événement s’impose désormais comme une référence à l’échelle nationale et européenne pour les acteurs de l’écosystème de la transition énergétique, de la décarbonation industrielle et des technologies vertes à impact.
Il fédère chaque année des centaines d’exposants : startups, PME, collectivités, centres de recherche et institutions engagés dans la construction d’un futur soutenable, sobre et technologiquement robuste.
Pour Businove, spécialisé dans le financement de l’innovation (CIR, CII, agrément, statut JEI, aides publiques), être présent à Mix-E, c’est être à l’écoute du terrain :
- détecter les nouvelles tendances technologiques, découvrir les sujets de recherches actuels,
- échanger avec les acteurs en prise directe avec les enjeux industriels,
- comprendre les besoins concrets en structuration de projets et de financement.
Nous vous proposons ici un tour d’horizon complet des tendances fortes observées, des bonnes pratiques d’innovation repérées, et des convictions que nous en tirons pour continuer à accompagner efficacement les porteurs de projets dans les années à venir.
1. Un salon à la croisée des transitions
1. Un événement qui reflète les tensions (et ambitions) de l’époque
Le contexte dans lequel se tient Mix-E 2025 est marqué par des défis structurels majeurs : crise énergétique, nécessité d’accélérer la décarbonation des activités économiques, relocalisation industrielle, renforcement de la résilience des chaînes d’approvisionnement, et montée en puissance des réglementations environnementales.
Ces tensions rendent nécessaire une réinvention des modèles de production et de consommation.
Mix-E illustre ce moment charnière : il donne à voir un paysage d’innovation en profonde mutation, où les projets ne se limitent plus à une promesse technologique, mais intègrent d’emblée les dimensions d’impact environnemental, de viabilité économique et de faisabilité industrielle.
2. Une cartographie des acteurs engagés
Nous avons été frappés par la richesse et la diversité des profils présents : jeunes pousses deeptech, entreprises industrielles traditionnelles en transition, plateformes numériques d’optimisation énergétique, collectivités territoriales pilotes, laboratoires publics, pôles de compétitivité, financeurs publics…
Le salon agit comme un révélateur de la structuration progressive d’un écosystème multidisciplinaire, dans lequel le dialogue entre chercheurs, entrepreneurs, décideurs publics et financeurs devient la norme.
À noter également, la présence renforcée des acteurs territoriaux (agences de développement, syndicats d’énergie, métropoles) témoigne d’une volonté d’ancrer l’innovation dans les bassins de vie et de production. Cette territorialisation des transitions constitue un levier puissant pour conjuguer impact environnemental et développement économique local.
3. Quelles tendances fortes se dégagent de Mix-E 2025 ?
1. L’innovation sobre et pragmatique
Parmi les projets rencontrés, une tendance nette se dégage : l’ère des “moonshots” (projets très ambitieux technologiquement et à haut risque d’échec) et des technologies de rupture lointaines semble laisser place à une approche plus réaliste et opérationnelle.
Les innovations présentées se caractérisent par leur sobriété (énergétique, matérielle, financière), leur capacité à être rapidement déployées, et leur articulation avec des usages concrets.
Exemples observés : systèmes de récupération de chaleur fatale à l’échelle de quartiers industriels, solutions modulaires de stockage d’énergie bas carbone, procédés de fabrication circulaire intégrant dès l’amont les logiques de fin de vie.
Cette orientation traduit une maturité croissante du tissu d’innovation ; les porteurs de projets visent moins la performance spectaculaire que l’impact démontrable.
2. L’IA au service de l’efficience énergétique
L’intelligence artificielle n’est pas absente du salon, bien au contraire. Mais son emploi se recentre sur des applications ciblées et utiles. Plusieurs exposants ont présenté des solutions exploitant l’IA pour :
- Optimiser la consommation énergétique de bâtiments ou de parcs industriels ;
- Anticiper la demande électrique dans des réseaux hybrides (photovoltaïque, éolien et stockage) ;
- Gérer dynamiquement la recharge de flottes de véhicules électriques ;
- Réduire la consommation d’eau ou de matière première grâce à des algorithmes prédictifs.
Ces cas d’usage témoignent d’une volonté de faire de l’IA un outil au service de l’efficience environnementale, plutôt qu’une technologie abstraite.
2.3. Des partenariats public-privé de plus en plus intégrés
Un autre marqueur fort du salon est la montée en puissance de projets collaboratifs. Les structures présentes (ADEME, BPI, CNRS, pôles de compétitivité, régions) ne sont pas là en simples observateurs : elles cofinancent, co-animent, co-pilotent des projets structurants.
De nombreux intervenants ont évoqué des consortiums en cours (notamment sur la production d’hydrogène, la décarbonation des matériaux, ou la valorisation des biodéchets), intégrant entreprises privées, laboratoires académiques et opérateurs publics.
Cette hybridation des logiques de recherche, de développement et de financement représente un levier majeur pour accélérer l’innovation à mission.
3. De l’expérimentation à la structuration : les défis de l’innovation à mission
1. Les jeunes pousses face à la scalabilité
De nombreuses startups présentes ont réussi à démontrer la pertinence de leur technologie à l’échelle du prototype. Malgré le passage à l’échelle, des zones grises peuvent persister que cela soit au moment de l’industrialisation, des normes à respecter, de l’intégration dans les systèmes existants, mais également lors des demandes de financement…
Plusieurs start-ups rencontrées au salon Mix-E nous ont fait part de l’état stationnaire de leur projet pour des raisons financières. Malgré l’éligibilité de leur projet à des subventions publiques, un manque de fond peut bloquer tout le processus de recherche de financement.
Ces obstacles nécessitent une structuration fine du projet et des partenariats solides. Ce constat conforte notre rôle d’accompagnement dans la traduction de projets de recherche ou d’innovation en feuilles de route sécurisante.
2. Financer l’innovation autrement
Face à un recul des levées de fonds traditionnelles (capital-risque), beaucoup d’entreprises réorientent leur stratégie de financement vers des guichets publics. Appels à projets, subventions régionales, aides à l’industrialisation, crédits d’impôt (CIR, CII) : les dispositifs sont multiples, mais souvent sous-exploité.
Or, articuler ces leviers peut faire la différence entre un projet qui stagne et un projet qui se développe durablement. C’est exactement à cette jonction que notre expertise s’exerce.
3. L’enjeu des talents et des compétences
Nombreux sont les dirigeants, CTO et ingénieurs R&D rencontrés à Mix-E qui nous ont partagé leur difficulté à recruter des profils techniques adaptés (électrochimistes, data scientists, ingénieurs procédés, etc.).
La fidélisation de ces talents passe par des projets motivants, mais aussi par une vision claire, des financements sécurisés et un encadrement bien structuré. Là encore, la structuration du projet et l’anticipation du financement deviennent des facteurs de différenciation.
4. Ce que les exposants nous ont appris
1. Témoignages et projets inspirants
Nous avons échangé avec plusieurs porteurs de projets remarquables :
- Une société spécialisée dans le développement de technologie de production de froid et de la valorisation de chaleur fatale grâce à l’effet magnétocalorique (MAGNORIC) ;
- Une start-up qui développe une plateforme SaaS alimentée par l’IA, conçue spécialement pour optimiser les infrastructures énergétiques Net Zéro, en outre celle proposant de l’hydrogène vert (HYGGLE).
- Un regroupement de laboratoires développant des méthodes de captation du CO₂ compatible avec les unités industrielles (ELODICA).
Ces exemples montrent que l’expérimentation reste vivace, mais tend à se coupler à des logiques de structuration, de territorialisation et de co-financement.
2. Bonnes pratiques d’innovation identifiées
Ce qui distingue les projets les plus avancés, c’est leur rigueur : documentation des étapes, mesure d’impact chiffrée, pilotage agile et adaptable. Ces pratiques sont non seulement bénéfiques à la réussite du projet, mais constituent également la base d’un dossier éligible aux dispositifs fiscaux que nous accompagnons : CIR, CII, JEI, etc.
5. Et maintenant ? Nos 3 convictions pour innover en 2025 (et après)
1. Ne pas opposer innovation technologique et sobriété
La transition n’est pas une affaire de rupture spectaculaire, mais d’ajustement fin, de sobriété efficace, et d’innovation de terrain. Oui, on peut concilier technologie de pointe et frugalité.
2. Penser l’innovation comme un investissement structurant
L’innovation n’est pas un coût ponctuel. C’est un levier de transformation continue : des process, des compétences internes, des systèmes de pilotage. Elle doit être pensée comme un actif stratégique, mesurable et valorisable.
3. Adopter une stratégie de financement hybride et anticipée
Le financement hybride ne peut se construire au fur et à mesure. Il faut articuler autour du CIR, CII, des appels à projets, subventions locales et européennes, dans une trajectoire lisible et anticipée. Cette stratégie hybride doit être anticipée le plus tôt possible dans la réalisation de projet.
Pour conclure : une énergie à canaliser
Mix-E 2025 nous a rappelé que l’innovation n’est pas un luxe, mais une nécessité vitale. Elle doit être soutenue, structurée, et accompagnée.
C’est le rôle que nous entendons continuer à prendre aux côtés de celles et ceux qui conçoivent les solutions de demain.